Le Moyen Âge en France (476-1492)

Sommaire

  1. Introduction
  2. Remise en contexte : vivre au Moyen Âge
  3. Le Haut Moyen Âge (476-1000)
  4. Le Moyen Âge central (1000-1300)
  5. Le Bas Moyen Âge (1300-1492)
  6. Personnages clés de l'époque médiévale
  7. Conclusion : l'héritage médiéval
  8. Activités pédagogiques
  9. Ressources complémentaires
  10. Sources

Introduction au Moyen Âge

Le Moyen Âge représente une période charnière de l'histoire française qui s'étend de la chute de l'Empire romain d'Occident en 476 à la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb en 1492. Cette période de plus de mille ans, longtemps qualifiée d'"âge sombre" entre l'Antiquité et la Renaissance, est en réalité une époque complexe et riche en transformations sociales, culturelles et politiques.

Durant ces dix siècles, la France va se construire progressivement, passant d'un territoire morcelé à un royaume de plus en plus centralisé. Ce cours vous propose un voyage à travers les grandes étapes de cette période fascinante de notre histoire nationale.

Ce que vous découvrirez dans ce cours :

  • Comment vivaient les hommes et les femmes du Moyen Âge
  • Les grandes dynasties qui ont façonné le royaume de France
  • L'évolution de la société médiévale et ses transformations
  • Les crises et les conflits qui ont marqué cette période
  • Les personnages emblématiques qui ont changé le cours de l'histoire
  • L'héritage culturel, architectural et social que nous a légué le Moyen Âge

Remise en contexte : vivre au Moyen Âge

Avant d'aborder l'histoire chronologique du Moyen Âge français, comprenons comment vivaient les hommes et les femmes de cette époque. Loin des clichés véhiculés par certains films, la réalité quotidienne était complexe et variait considérablement selon l'époque, la région et le statut social.

La vie quotidienne

L'habitat médiéval

La majorité de la population vivait dans des maisons simples faites de bois, de torchis et de chaume. À la campagne, les maisons étaient généralement composées d'une seule pièce où cohabitaient humains et animaux. En ville, les maisons à colombages s'élevaient sur plusieurs étages, avec souvent une boutique au rez-de-chaussée.

Les châteaux et demeures seigneuriales, d'abord construits en bois puis en pierre, n'étaient pas les palais luxueux dépeints dans l'imaginaire populaire, mais des lieux souvent austères et froids, où le confort restait rudimentaire.

L'alimentation

L'alimentation médiévale était basée sur les céréales (seigle, orge, avoine et plus rarement blé), qui constituaient l'essentiel des calories sous forme de pain ou de bouillies. Les légumes du potager (choux, navets, poireaux), les fruits sauvages et les produits laitiers complétaient ce régime.

La viande était rare pour les paysans, qui ne consommaient généralement que du porc ou de la volaille lors des fêtes. Le poisson, frais ou séché, était important en raison des nombreux jours maigres imposés par l'Église (environ 150 jours par an). Les épices, très chères, étaient réservées aux plus fortunés et servaient autant à masquer le goût des aliments mal conservés qu'à affirmer un statut social.

Catégorie sociale Alimentation quotidienne Boisson principale
Paysan Pain noir, légumes, laitages, rarement viande Eau, petit lait, bière légère
Artisan urbain Pain, légumes, œufs, viande occasionnelle Bière, vin coupé d'eau
Noble Pain blanc, viandes variées, épices Vin, hypocras (vin épicé)
Moine Pain, légumes, poisson, œufs Vin, bière, cidre

Technologie et savoir-faire

Contrairement aux idées reçues, le Moyen Âge fut une période d'innovations technologiques importantes :

  • Le collier d'épaule pour les chevaux, qui améliora considérablement les capacités de traction
  • Le moulin à eau, puis le moulin à vent, qui fournissaient une énergie considérable pour moudre le grain, fouler les tissus ou actionner des forges
  • La charrue à versoir, permettant de retourner les terres lourdes
  • Les horloges mécaniques à la fin du Moyen Âge
  • L'imprimerie (vers 1450), qui révolutionna la diffusion du savoir

L'artisanat médiéval atteignit des sommets de raffinement, notamment dans :

  • Le travail du verre (vitraux)
  • L'orfèvrerie
  • La sculpture sur pierre et sur bois
  • La construction (cathédrales gothiques)
  • L'enluminure de manuscrits

Santé et démographie

La vie au Moyen Âge était marquée par une forte mortalité, notamment infant :

30-35
Espérance de vie moyenne (en années)
~50%
Mortalité infantile avant 5 ans
15-20
Âge moyen du mariage pour les femmes

Les maladies étaient nombreuses et les épidémies fréquentes. La médecine, encore balbutiante, mêlait connaissances héritées de l'Antiquité, observation empirique, pratiques magiques et croyances religieuses.

Principales causes de mortalité :

  • Les maladies infectieuses : peste, variole, tuberculose, dysenterie
  • Les famines, survenant en moyenne une fois par génération
  • Les complications liées à l'accouchement pour les femmes
  • Les accidents et blessures
  • Les guerres et violences

Malgré ces conditions difficiles, la population française connut une progression importante entre l'an 1000 et 1300, passant d'environ 6 millions à près de 20 millions d'habitants, avant de chuter dramatiquement lors des crises du XIVe siècle.

"L'homme médiéval vivait avec l'idée omniprésente de la mort, non comme une obsession morbide, mais comme une réalité familière et un passage vers l'au-delà."

- Jacques Le Goff, historien médiéviste

Religion et éducation

La religion chrétienne imprégnait profondément tous les aspects de la vie médiévale. L'Église catholique :

  • Rythmait le temps quotidien (prières, angélus) et annuel (fêtes religieuses)
  • Encadrait les moments importants de la vie (baptême, mariage, funérailles)
  • Pourvoyait assistance et soins aux plus démunis (hôpitaux, hospices)
  • Conservait et transmettait le savoir dans les monastères et les écoles
  • Influençait profondément la morale et les comportements

L'éducation au Moyen Âge

L'éducation était principalement destinée aux clercs et aux élites. Pour la majorité de la population, aucune instruction formelle n'était disponible. L'apprentissage se faisait par l'observation et l'imitation au sein de la famille ou de la communauté villageoise.

Les principales institutions éducatives étaient :

  • Les écoles monastiques : formant principalement les futurs moines
  • Les écoles cathédrales : préparant aux carrières ecclésiastiques
  • Les universités (à partir du XIIe siècle) : Paris (1200), Toulouse (1229), etc.
  • L'apprentissage auprès d'un maître pour les métiers artisanaux

L'enseignement universitaire était dispensé en latin et organisé autour du trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et du quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie, musique), formant les sept arts libéraux. Les facultés supérieures étaient la théologie, le droit et la médecine.

Quelle était la langue d'enseignement dans les universités médiévales ?
Le français
Le latin
Le grec
L'occitan

Le Haut Moyen Âge (476-1000)

Cette première période du Moyen Âge est marquée par la transition entre l'Antiquité tardive et l'émergence de nouvelles structures politiques et sociales. Sur les vestiges de l'Empire romain d'Occident s'établissent progressivement les royaumes barbares, dont celui des Francs, qui deviendra le plus puissant et posera les fondements du futur royaume de France.

476
Romulus Augustule

Déposition de Romulus Augustule, dernier empereur romain d'Occident

481-511
Tombe de Clovis

Règne de Clovis, roi des Francs

496
Baptême de Clovis

Baptême de Clovis et conversion au christianisme

751
Denier de Pépin le Bref

Pépin le Bref devient roi des Francs, début de la dynastie carolingienne

768-814
Portrait de Charlemagne par Dürer

Règne de Charlemagne

800
Couronnement de Charlemagne

Couronnement impérial de Charlemagne à Rome

843
Carte du partage de Verdun

Traité de Verdun, partage de l'Empire carolingien entre les trois petits-fils de Charlemagne

987
Hugues Capet

Élection d'Hugues Capet comme roi, début de la dynastie capétienne

La dynastie mérovingienne (481-751)

La dynastie mérovingienne, fondée par Clovis, a posé les bases du royaume franc qui deviendra la France.

Clovis (481-511) : le fondateur

Issu de la lignée des Francs saliens, Clovis réussit à unifier les différentes tribus franques et à étendre considérablement son territoire par une série de conquêtes militaires :

  • Victoire sur Syagrius à Soissons (486), qui met fin à la dernière enclave romaine en Gaule
  • Défaite des Alamans à Tolbiac (496)
  • Victoire sur les Wisigoths à Vouillé (507), qui lui permet de s'emparer de l'Aquitaine

Son baptême, vers 496, marque un tournant majeur. En se convertissant au christianisme dans sa forme catholique (et non arienne comme les autres rois germaniques), Clovis s'assure le soutien de l'Église et facilite la fusion entre Gallo-Romains et Francs.

Points essentiels sur Clovis

  • Premier roi à unifier les territoires qui formeront la France
  • Convertit son peuple au christianisme catholique, créant une alliance durable entre la royauté franque et l'Église
  • Établit Paris comme sa capitale, posant les bases de la centralité parisienne dans l'histoire de France
  • Promulgue la loi salique, premier code de lois écrit du royaume franc

Les successeurs de Clovis

Après la mort de Clovis, suivant la tradition franque, le royaume est partagé entre ses quatre fils. Cette pratique des partages successoraux affaiblit progressivement le pouvoir royal durant les VIe et VIIe siècles, malgré quelques tentatives de réunification sous Clotaire Ier, Dagobert Ier et Clotaire II.

Le royaume franc se stabilise autour de trois entités principales :

  • La Neustrie (nord-ouest, autour de Paris et Soissons)
  • L'Austrasie (nord-est, région rhénane)
  • La Bourgogne (est et sud-est)

À partir du VIIe siècle, les rois mérovingiens perdent progressivement leur pouvoir effectif au profit des maires du palais, hauts dignitaires qui administrent le royaume. Le déclin de la dynastie mérovingienne est tel qu'on parle des derniers souverains comme des "rois fainéants", simples figures de légitimité.

En Austrasie, la famille des Pippinides (futurs Carolingiens) s'impose comme maires du palais héréditaires et concentre peu à peu le pouvoir réel. Leur ascension culmine avec Charles Martel, vainqueur des Arabes à Poitiers en 732, et son fils Pépin le Bref, qui dépose en 751 le dernier roi mérovingien Childéric III avec la bénédiction du pape, inaugurant ainsi une nouvelle dynastie.

L'Empire carolingien (751-987)

La dynastie carolingienne, du nom de son plus illustre représentant Charlemagne (Charles le Grand), représente l'apogée du pouvoir franc et une tentative de restauration de l'unité impériale en Occident.

Pépin le Bref (751-768) : la transition

Premier roi carolingien, Pépin le Bref inaugure plusieurs pratiques qui marqueront durablement la monarchie française :

  • Le sacre royal, cérémonie religieuse qui confère au roi un caractère sacré
  • L'alliance étroite avec la papauté, formalisée par la donation de territoires en Italie centrale (futur État pontifical)
  • La lutte contre les Lombards en Italie et contre les Sarrasins au sud de la Gaule

Charlemagne (768-814) : le fondateur de l'Europe

Fils de Pépin le Bref, Charles Ier, dit "le Grand" (Carolus Magnus, d'où Charlemagne), porte le royaume franc à son apogée et lui confère une dimension impériale. Son règne est marqué par :

Conquêtes et extension territoriale :

  • Soumission définitive des Lombards en Italie (774)
  • Conquête de la Saxe après des décennies de guerre (772-804)
  • Création de la Marche d'Espagne comme zone tampon face aux musulmans
  • Soumission des Bavarois et des Avars

Organisation administrative :

  • Division de l'empire en comtés administrés par des comtes
  • Création des "missi dominici", envoyés impériaux chargés de contrôler l'administration locale
  • Unification monétaire avec l'adoption du denier d'argent
  • Législation fournie à travers les "capitulaires"

Réforme culturelle et religieuse :

  • La "Renaissance carolingienne" : renouveau des arts et des lettres
  • Création d'écoles dans les cathédrales et monastères
  • Standardisation de l'écriture (minuscule caroline)
  • Réforme liturgique et diffusion de la règle bénédictine

Le point culminant du règne de Charlemagne est son couronnement impérial à Rome, le jour de Noël 800, par le pape Léon III. Cet acte symbolique marque la restauration de l'idée impériale en Occident et pose les bases de la notion d'Empire chrétien.

L'héritage de Charlemagne

Figure fondatrice et mythique, Charlemagne est considéré comme le "père de l'Europe" pour avoir :

  • Unifié sous son autorité la majeure partie de l'Europe occidentale
  • Favorisé l'émergence d'une culture commune influencée par le christianisme
  • Posé les bases administratives et politiques des futurs États européens
  • Incarné l'idéal du souverain chrétien, à la fois guerrier et protecteur de l'Église
En quelle année Charlemagne fut-il couronné empereur ?
768
800
814
843

Le déclin de l'Empire carolingien

L'unité impériale ne survit pas longtemps à Charlemagne. Son fils et successeur, Louis le Pieux (814-840), doit faire face aux révoltes de ses propres fils et aux premières incursions des Vikings.

À sa mort, les querelles de succession aboutissent au Traité de Verdun (843), qui partage l'empire entre ses trois fils :

  • Charles le Chauve reçoit la Francia Occidentalis (future France)
  • Louis le Germanique obtient la Francia Orientalis (future Allemagne)
  • Lothaire, avec le titre impérial, hérite d'une bande territoriale allant de l'Italie aux Pays-Bas (la Lotharingie)

Ce partage, confirmé par le Traité de Meerssen (870), marque la naissance géopolitique de la France et de l'Allemagne.

La fin du IXe siècle est marquée par :

  • Les invasions vikings, qui dévastent les côtes et remontent les fleuves
  • Les raids des Sarrasins dans le sud
  • Les incursions des Hongrois à l'est
  • L'affaiblissement du pouvoir royal au profit des grands seigneurs locaux

Face à cette insécurité, un nouveau système de protection se met en place : la féodalité. Les populations se placent sous la protection des seigneurs locaux, qui construisent des fortifications et entretiennent des hommes d'armes. Le pouvoir se morcelle, et le roi carolingien n'exerce plus qu'une autorité théorique sur la majeure partie du territoire.

En 987, à la mort du dernier carolingien sans héritier direct, les grands du royaume élisent comme roi Hugues Capet, duc de France et comte de Paris, inaugurant une nouvelle dynastie qui régnera huit siècles sur le pays.

Le Moyen Âge central (1000-1300)

Le Moyen Âge central est souvent considéré comme l'âge d'or de la civilisation médiévale. Cette période de trois siècles est marquée par une croissance démographique, économique et culturelle sans précédent, ainsi que par le développement et la consolidation des structures politiques et sociales typiquement médiévales.

987

Élection d'Hugues Capet, fondation de la dynastie capétienne

1066

Guillaume le Conquérant s'empare de l'Angleterre

1095-1099

Première croisade et prise de Jérusalem

1152

Mariage d'Henri Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine

1180-1223

Règne de Philippe Auguste

1214

Victoire de Bouvines

1226-1270

Règne de Saint Louis (Louis IX)

La dynastie capétienne et la construction du royaume (987-1328)

En 987, les grands seigneurs du royaume élisent Hugues Capet comme roi. Son domaine direct est alors réduit à la région parisienne et à l'Orléanais, tandis que de puissants vassaux contrôlent le reste du territoire. Pour comprendre comment cette dynastie relativement modeste a réussi à transformer la France en l'État le plus puissant d'Europe occidentale, nous allons examiner l'évolution progressive du pouvoir royal sous les Capétiens directs.

Les premiers Capétiens (987-1108)

Durant plus d'un siècle, les premiers rois capétiens travaillent patiemment à consolider leur autorité :

  • Principe d'hérédité : pour éviter les élections contestées, ils font sacrer leur fils aîné de leur vivant
  • Alliance avec l'Église : ils se présentent comme protecteurs des monastères et des évêchés
  • Administration du domaine royal : ils rationalisent la gestion de leurs terres
  • Lutte contre les seigneurs rebelles du bassin parisien

C'est un travail de fond, peu spectaculaire, mais qui pose les bases d'une monarchie plus forte.

L'essor de la puissance royale (1108-1223)

Avec Louis VI le Gros (1108-1137), la royauté commence à s'affirmer plus nettement.

Ce roi :

  • Pacifie le domaine royal en soumettant les châtelains rebelles
  • S'appuie sur une administration plus efficace
  • Soutient le mouvement communal pour contrer les grands féodaux

Son fils Louis VII (1137-1180) doit faire face à la montée en puissance des Plantagenêts, dynastie qui règne sur l'Angleterre et possède, par le jeu des alliances matrimoniales, un vaste domaine en France (Normandie, Anjou, Touraine, Maine, Aquitaine).

Philippe II Auguste (1180-1223) marque un tournant dans l'affirmation du pouvoir royal :

  • Conquêtes territoriales : il reprend la Normandie, le Maine, l'Anjou et la Touraine à Jean sans Terre (1204)
  • Victoire de Bouvines (1214) face à une coalition de Jean sans Terre, de l'empereur germanique et du comte de Flandre
  • Renforcement de l'administration : création des baillis et sénéchaux, premiers archives royales
  • Développement de Paris : construction du Louvre, premiers pavages, mur d'enceinte

À la fin de son règne, le domaine royal a triplé et le prestige de la monarchie est considérablement renforcé.

Philippe II Auguste : Conquêtes et Croisades

Le règne de Philippe II Auguste (1180-1223) est marqué par d'importantes campagnes militaires et conquêtes territoriales qui ont considérablement agrandi le domaine royal :

  • Participation à la Troisième croisade (1189-1192) aux côtés de Richard Cœur de Lion
  • Confiscation des fiefs continentaux de Jean sans Terre (1202-1204) : Normandie, Maine, Anjou, Touraine
  • Victoire décisive à la bataille de Bouvines (1214) face à une coalition européenne
  • Participation à la croisade contre les Albigeois, renforçant l'influence royale dans le Sud

L'apogée capétienne (1223-1328)

Le XIIIe siècle représente l'âge d'or de la dynastie capétienne, notamment avec :

Saint Louis (Louis IX, 1226-1270)

Figure emblématique de la royauté médiévale française, Louis IX incarne l'idéal du roi chrétien :

  • Sa piété et sa justice lui valent une réputation sans égale (canonisé en 1297)
  • Il renforce le pouvoir royal tout en bénéficiant d'un immense prestige moral
  • Il développe l'administration royale et la justice (création du Parlement de Paris)
  • Il mène deux croisades (1248-1254 et 1270)
  • Il fait construire la Sainte-Chapelle pour abriter les reliques de la Passion du Christ

Philippe IV le Bel (1285-1314) poursuit cette centralisation et transforme profondément les institutions du royaume :

  • Affrontement avec le pape Boniface VIII et transfert de la papauté à Avignon
  • Procès des Templiers et confiscation de leurs biens
  • Première convocation des États généraux (1302)
  • Professionnalisation de l'administration (rôle croissant des légistes)
  • Réformes monétaires et fiscales

Le tableau suivant résume l'évolution du domaine royal sous les Capétiens :

Règne Territoires acquis Méthode d'acquisition
Hugues Capet (987-996) Île-de-France, Orléanais Domaine initial
Philippe Ier (1060-1108) Gâtinais, Vexin Achat, héritage
Louis VI (1108-1137) Contrôle effectif des châtellenies d'Île-de-France Conquête militaire
Philippe II Auguste (1180-1223) Normandie, Anjou, Maine, Touraine, Artois, Vermandois Conquête, confiscation féodale
Louis IX (1226-1270) Confirmation des acquisitions précédentes Traités de Paris (1229, 1259)
Philippe IV (1285-1314) Champagne, Brie, Lyon Mariage, acquisition

Féodalité et société médiévale

Comment appelle-t-on la cérémonie où le vassal prête serment à son seigneur ?
L'adoubement
L'hommage
L'investiture
Le sacre

L'essor urbain et commercial

Le Moyen Âge central est marqué par une renaissance urbaine spectaculaire. Après des siècles de déclin, les villes connaissent un nouvel essor lié au développement du commerce et de l'artisanat.

La renaissance des villes

Plusieurs facteurs expliquent ce renouveau urbain :

  • Les surplus agricoles permettent de nourrir une population non-agricole
  • La sécurité accrue des routes favorise les échanges
  • Le développement du commerce à longue distance
  • L'émergence d'une nouvelle classe marchande enrichie par le commerce

Les villes se développent autour :

  • Des centres épiscopaux anciens
  • Des châteaux et résidences seigneuriales
  • Des carrefours commerciaux et points de rupture de charge
  • Des nouveaux sites créés lors de défrichements (bastides, villes neuves)

L'organisation urbaine

Les villes médiévales se caractérisent par :

  • Une enceinte délimitant l'espace urbain
  • Des rues étroites organisées autour de la place du marché et de l'église principale
  • Une densité élevée de population
  • Une spécialisation des quartiers par métiers
  • Des étals et boutiques au rez-de-chaussée des maisons

Le mouvement communal, qui se développe aux XIe-XIIe siècles, permet à de nombreuses villes d'obtenir des chartes de franchises qui leur accordent une certaine autonomie face aux pouvoirs seigneuriaux. Des institutions municipales se mettent en place :

  • Maires et échevins élus
  • Beffroi symbolisant les libertés communales
  • Sceau et archives propres
  • Perception de taxes municipales
  • Organisation de la milice urbaine

Le commerce et les foires

Le développement commercial s'articule autour :

  • Des marchés hebdomadaires pour le commerce local
  • Des foires régionales, comme les foires de Champagne, qui attirent des marchands de toute l'Europe
  • Du grand commerce international entre Méditerranée et mer du Nord

Les grands acteurs de ce commerce sont :

  • Les marchands italiens (Vénitiens, Génois, Florentins)
  • Les villes de la Hanse germanique pour le commerce baltique
  • Les compagnies commerciales organisées en réseaux familiaux

De nouvelles techniques commerciales et bancaires se développent :

  • La lettre de change
  • La comptabilité en partie double
  • Les sociétés par actions
  • Les assurances maritimes

La renaissance intellectuelle et artistique

Le Moyen Âge central voit s'épanouir une véritable renaissance intellectuelle et artistique, notamment avec l'essor des universités et l'apogée de l'art roman puis gothique.

Les universités et la scolastique

Les premières universités naissent au début du XIIIe siècle comme des corporations de maîtres et d'étudiants. Les plus anciennes en France sont :

  • L'Université de Paris (vers 1200), spécialisée en théologie
  • L'Université de Montpellier (1220), réputée pour la médecine
  • L'Université de Toulouse (1229), fondée après la croisade des Albigeois

L'enseignement s'y organise autour des sept arts libéraux :

  • Le trivium : grammaire, rhétorique, dialectique
  • Le quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie, musique

Après ce tronc commun, les étudiants peuvent se spécialiser dans les facultés supérieures : théologie, droit ou médecine.

La méthode scolastique, qui caractérise l'enseignement universitaire médiéval, repose sur :

  • La lecture (lectio) d'un texte d'autorité
  • La question (quaestio) soulevant un problème d'interprétation
  • La dispute (disputatio) confrontant arguments et contre-arguments
  • La détermination (determinatio) établissant la conclusion

La littérature et la langue française

Le XIIe siècle voit l'émergence d'une riche littérature en langue vernaculaire (français) à côté des textes savants en latin :

  • Les chansons de geste (Chanson de Roland) célébrant les exploits guerriers
  • Les romans courtois (Chrétien de Troyes) et le cycle arthurien
  • La poésie lyrique des troubadours et trouvères chantant l'amour courtois
  • Les fabliaux, contes à caractère souvent satirique ou comique

L'art roman et gothique

Le Moyen Âge central est marqué par deux grands styles architecturaux successifs :

L'art roman (XIe-XIIe siècles) se caractérise par :

  • Des murs épais et massifs
  • Des voûtes en berceau ou d'arêtes
  • Des arcs en plein cintre
  • Des fenêtres relativement petites
  • Une riche sculpture sur les chapiteaux et tympans

Parmi les chefs-d'œuvre romans français : l'abbaye de Cluny, Sainte-Foy de Conques, Saint-Sernin de Toulouse, Vézelay.

Chefs-d'œuvre de l'art roman

Voici une galerie photo d'un autre exemple, la cathédrale de Notre Dame d'Amiens.

L'art gothique, qui se développe à partir du milieu du XIIe siècle en Île-de-France, se distingue par :

  • L'arc brisé (ogive) qui répartit mieux les poussées
  • La voûte sur croisée d'ogives
  • L'arc-boutant, permettant d'alléger les murs
  • De vastes fenêtres garnies de vitraux
  • Une élévation plus importante

Ces innovations techniques permettent de construire des édifices plus hauts, plus lumineux, exprimant l'élan spirituel vers Dieu. Les grandes cathédrales gothiques de France (Notre-Dame de Paris, Chartres, Reims, Amiens, Beauvais) témoignent de la prospérité des villes et du pouvoir des évêques.

Le Bas Moyen Âge (1300-1500)

Le Bas Moyen Âge est une période de crises et de profondes mutations. L'Europe, et particulièrement la France, traverse des épreuves qui bouleversent l'ordre établi : catastrophes démographiques, guerres interminables, remises en question religieuses et politiques. Pourtant, ces bouleversements préparent aussi les transformations qui mèneront vers la Renaissance et les Temps modernes.

1309-1377

Papauté en Avignon

1337-1453

Guerre de Cent Ans

1348-1349

Peste noire

1429

Jeanne d'Arc délivre Orléans

1453

Fin de la guerre de Cent Ans

1461-1483

Règne de Louis XI

1492

Découverte de l'Amérique

Temps de crises (1300-1450)

Le XIVe siècle inaugure une période particulièrement sombre pour l'Europe occidentale, marquée par une conjonction de crises démographiques, économiques, sociales et politiques.

La crise démographique

Après avoir atteint un maximum vers 1300, la population européenne connaît un effondrement dramatique :

  • Les famines, notamment la Grande Famine de 1315-1317, liées à une dégradation climatique (début du "petit âge glaciaire")
  • La Peste noire (1348-1349), qui tue environ un tiers de la population européenne
  • Les épidémies récurrentes tout au long du XIVe et du début du XVe siècle
  • Les ravages de la guerre

On estime que la population française passe d'environ 20 millions d'habitants en 1300 à moins de 10 millions au milieu du XVe siècle.

La crise économique et sociale

Le déclin démographique entraîne des bouleversements économiques :

  • Abandon de terres marginales
  • Chute des revenus seigneuriaux
  • Hausse des salaires agricoles due à la pénurie de main-d'œuvre
  • Déflation puis instabilité monétaire

Ces difficultés provoquent des tensions sociales qui se traduisent par :

  • Des révoltes paysannes : Jacquerie en Île-de-France (1358), révoltes anglaises (1381)
  • Des insurrections urbaines : Étienne Marcel à Paris (1358), révolte des Ciompi à Florence (1378)
  • Des persécutions contre les juifs, accusés d'empoisonner les puits

La Guerre de Cent Ans (1337-1453)

Ce long conflit oppose les maisons royales de France et d'Angleterre. Ses origines sont multiples :

  • Le problème du duché d'Aquitaine, fief anglais en France
  • La revendication d'Édouard III d'Angleterre au trône de France (par sa mère Isabelle, fille de Philippe le Bel)
  • Des rivalités commerciales, notamment autour de la Flandre

La guerre se déroule en plusieurs phases, avec de longues périodes de trêve :

Période Évènements majeurs Avantage
1337-1360 Batailles de Crécy (1346), Calais (1347), Poitiers (1356), capture du roi Jean II Anglais
1360-1415 Traité de Brétigny, reconquêtes de Charles V menées par Du Guesclin Français
1415-1429 Azincourt (1415), traité de Troyes (1420), Henri VI proclamé roi de France Anglais
1429-1453 Intervention de Jeanne d'Arc, reprise de la reconquête, bataille de Castillon (1453) Français

Jeanne d'Arc (1412-1431)

Figure emblématique de l'histoire de France, cette jeune paysanne de Domrémy joue un rôle décisif dans le tournant de la guerre :

  • Convaincue d'avoir reçu une mission divine pour délivrer la France
  • Rencontre Charles VII à Chinon et gagne sa confiance
  • Libère Orléans du siège anglais (mai 1429)
  • Conduit Charles VII jusqu'à Reims pour son sacre (juillet 1429)
  • Capturée à Compiègne (1430), jugée pour hérésie et brûlée à Rouen (1431)
  • Réhabilitée en 1456, canonisée en 1920

Outre son impact militaire, Jeanne d'Arc joue un rôle crucial dans l'émergence d'un sentiment national français face à l'occupant anglais.

Les conséquences de la Guerre de Cent Ans sont profondes :

  • Des ravages considérables sur les campagnes françaises
  • Le développement d'une fiscalité permanente pour financer l'effort de guerre
  • La création d'une armée permanente sous Charles VII
  • L'émergence d'un sentiment national français
  • Le renforcement du pouvoir royal français à l'issue du conflit

La reconstruction et les mutations (1450-1500)

Dans la seconde moitié du XVe siècle, la France sort progressivement des crises et entre dans une période de reconstruction et de mutations qui prépare l'avènement de la Renaissance.

Le redressement économique et démographique

Après plus d'un siècle de dépression, l'économie française connaît un renouveau :

  • Remise en culture des terres abandonnées
  • Reprise démographique progressive
  • Développement de nouvelles industries (soieries à Lyon, imprimerie)
  • Diversification des échanges commerciaux

Louis XI et la reconstruction de l'autorité royale

Louis XI (1461-1483), surnommé "l'universelle aragne" pour sa politique habile et parfois retorse, contribue significativement au renforcement du royaume :

  • Agrandissement du domaine royal : Maine, Anjou, Provence, une partie de la Bourgogne
  • Affaiblissement des grands féodaux, notamment Charles le Téméraire, duc de Bourgogne
  • Modernisation de l'administration et des finances
  • Soutien au développement économique : foires de Lyon, industries nouvelles
  • Diplomatie active, notamment avec la Suisse et les États italiens

À la mort de Louis XI, la France est largement unifiée territorialement et se relève des désastres de la guerre. Son fils Charles VIII (1483-1498) et son successeur Louis XII (1498-1515) poursuivront cette œuvre de consolidation, tout en inaugurant les guerres d'Italie qui marqueront le début de la Renaissance française.

Évolutions sociales et culturelles

La fin du Moyen Âge voit plusieurs évolutions importantes :

  • L'apparition d'une nouvelle noblesse de robe, issue des offices royaux
  • L'enrichissement de la bourgeoisie marchande et financière
  • Le développement de l'imprimerie après 1470, qui révolutionne la diffusion du savoir
  • Les premières influences de la Renaissance italienne
  • L'évolution du gothique vers le style flamboyant

La fin du Moyen Âge

Traditionnellement, les historiens font coïncider la fin du Moyen Âge avec plusieurs événements symboliques survenus à la fin du XVe siècle :

  • La chute de Constantinople aux mains des Turcs ottomans (1453)
  • La découverte de l'Amérique par Christophe Colomb (1492)
  • Les débuts de l'imprimerie à caractères mobiles
  • Les prémices de la Renaissance en France
  • La première expédition française en Italie (Charles VIII, 1494)

Ces événements marquent la transition vers l'époque moderne, sans qu'il y ait de rupture brutale. De nombreux éléments de continuité persistent, tant dans les structures sociales que dans les mentalités.

Quel roi de France a contribué à la reconstruction du royaume après la guerre de Cent Ans ?
Philippe Auguste
Charles VII
Louis XI
François Ier

Vivre au Moyen Âge

Comment vivaient réellement nos ancêtres durant cette période ? Le Moyen Âge est souvent victime de clichés, tantôt dépeint comme une époque entièrement sombre et barbare, tantôt idéalisé à travers le prisme des contes et légendes. Découvrons quelques aspects concrets de la vie quotidienne médiévale.

Vie quotidienne et cadre matériel

L'habitat

L'habitat médiéval varie considérablement selon les régions et les milieux sociaux :

À la campagne :

  • Maisons paysannes généralement modestes, à une seule pièce
  • Matériaux locaux : bois, torchis, pierre selon les régions
  • Sol en terre battue, fenêtres rares et petites
  • Foyer central ou adossé à un mur, sans cheminée avant le XIIIe siècle
  • Mobilier rudimentaire : bancs, coffres, paillasses

En ville :

  • Maisons étroites mais à plusieurs étages
  • Boutique ou atelier au rez-de-chaussée pour les artisans et marchands
  • Encorbellement fréquent (étages débordant sur la rue)
  • Promiscuité importante, rues étroites et souvent insalubres

L'alimentation

Le régime alimentaire médiéval se caractérise par :

  • Une base de céréales : pain, bouillies, galettes (80% de l'apport calorique)
  • Des légumes : choux, poireaux, oignons, fèves, pois
  • Une consommation de viande variable selon les milieux sociaux
  • Du poisson, notamment lors des nombreux jours maigres (environ 150 par an)
  • Des produits laitiers et des œufs
  • Des fruits de saison et séchés

Les boissons principales sont :

  • L'eau (de qualité souvent douteuse en ville)
  • Le vin, coupé d'eau
  • La cervoise ou bière, surtout dans le nord
  • Le cidre dans certaines régions (Normandie)

Les repas sont généralement au nombre de deux par jour : un déjeuner vers 10h et un dîner vers 17h.

Catégorie sociale Consommation annuelle de viande Consommation annuelle de vin
Paysan 20-30 kg 100 litres
Artisan urbain 50-60 kg 150 litres
Noble 100-150 kg 200-300 litres

L'habillement

Les vêtements médiévaux reflètent le statut social et évoluent au fil des siècles :

  • Matériaux principaux : laine, lin, chanvre pour les classes populaires ; soie, fourrures, draps fins pour les élites
  • Homme : chemise, braies (sorte de culotte), chausses, tunique ou cotte, surcot ou houppelande
  • Femme : chemise, cotte, surcot, voile pour les femmes mariées
  • Les couleurs et la longueur des vêtements indiquent le statut social
  • Des lois somptuaires réglementent parfois le port de certains vêtements ou accessoires selon le rang

Hygiène et santé

Contrairement aux idées reçues, l'hygiène n'est pas totalement négligée au Moyen Âge :

  • Présence d'étuves (bains publics) dans les villes jusqu'au XVIe siècle
  • Lavage régulier des mains et du visage
  • Utilisation d'herbes aromatiques et de parfums

Mais les conditions sanitaires restent précaires :

  • Rues non pavées, boueuses et encombrées de détritus
  • Évacuation des déchets souvent directement dans les rues ou les cours d'eau
  • Promiscuité favorisant la propagation des maladies

Les soins médicaux sont dispensés par :

  • Les médecins, formés dans les universités (pour les riches)
  • Les barbiers-chirurgiens pour les saignées et opérations simples
  • Les apothicaires pour les remèdes
  • Une multitude de guérisseurs et rebouteux locaux

L'espérance de vie moyenne est d'environ 30-35 ans, principalement en raison de la forte mortalité infantile.

Croyances et mentalités

La religion imprègne profondément la société médiévale et rythme la vie quotidienne.

L'omniprésence du christianisme

Le christianisme structure la vie individuelle et collective :

  • Le temps est rythmé par les cloches et le calendrier liturgique
  • L'espace s'organise autour de l'église paroissiale et des sanctuaires
  • Les grandes étapes de la vie (naissance, mariage, mort) sont marquées par les sacrements
  • L'éducation est essentiellement assurée par l'Église

Les pratiques religieuses courantes incluent :

  • L'assistance à la messe dominicale
  • La confession et la communion au moins une fois par an
  • Le respect des jeûnes et abstinences
  • Les pèlerinages locaux ou plus lointains (Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle, Jérusalem)
  • La dévotion aux saints et aux reliques

Entre foi et superstition

La culture médiévale mêle souvent croyances chrétiennes et superstitions plus anciennes :

  • Culte des saints guérisseurs : chaque saint est spécialisé dans certains maux
  • Croyance aux miracles et aux interventions divines directes
  • Pratiques magiques : amulettes, formules, rituels de protection
  • Crainte du diable et de ses manifestations

L'Église tente de christianiser ces pratiques tout en combattant celles qu'elle juge trop païennes ou hérétiques.

Conception du monde et du temps

La vision du monde médiévale se caractérise par :

  • Une conception géocentrique de l'univers (la Terre au centre)
  • Un symbolisme omniprésent : chaque élément de la nature peut être interprété comme un signe divin
  • Une vision du temps marquée par l'attente eschatologique (fin des temps)
  • Un sens aigu de la hiérarchie, reflétant l'ordre divin

Cette vision est codifiée dans des œuvres comme la Divine Comédie de Dante ou les Sommes théologiques de Thomas d'Aquin, qui tentent de synthétiser tous les savoirs dans une perspective chrétienne.

Fêtes et divertissements

Malgré la dureté des conditions de vie, le Moyen Âge n'est pas dépourvu de moments de joie et de détente.

Le calendrier des fêtes

L'année est ponctuée de nombreuses fêtes, religieuses ou profanes :

  • Noël et les douze jours qui suivent jusqu'à l'Épiphanie
  • Le Carnaval avant le Carême, période d'inversion sociale et de transgression
  • Les fêtes du cycle pascal : Pâques, Ascension, Pentecôte
  • La Saint-Jean d'été (24 juin), avec ses grands feux
  • Les fêtes patronales des paroisses
  • Les fêtes des métiers en ville
  • Les fêtes des récoltes à la campagne

Au total, on compte environ 80 à 100 jours chômés par an, entre dimanches et fêtes.

Jeux et divertissements

Les divertissements varient selon les milieux sociaux :

Pour le peuple :

  • Jeux physiques : lutte, tir à l'arc, soule (ancêtre du football)
  • Jeux de hasard : dés, osselets
  • Danses et chansons populaires
  • Spectacles de jongleurs, acrobates et montreurs d'animaux

Pour la noblesse :

  • Le tournoi et la joute, exercices guerriers devenus spectacles
  • La chasse, activité noble par excellence
  • Les jeux de société : échecs, tables (backgammon), jeu de marelle
  • La musique et la poésie courtoise
  • Les banquets et leurs divertissements (entremets spectaculaires)

Le théâtre médiéval

Le théâtre médiéval se développe principalement sous forme :

  • De mystères et miracles : grandes pièces religieuses jouées sur plusieurs jours
  • De farces et soties : courtes pièces comiques et satiriques
  • De moralités : pièces allégoriques à portée édifiante

Ces représentations, souvent organisées par les métiers ou confréries, mobilisent toute la communauté et constituent des événements importants de la vie collective.

Conclusion

Au terme de ce parcours à travers le Moyen Âge français, quelques idées essentielles méritent d'être retenues :

Points clés à retenir

  • Le Moyen Âge n'est pas une période uniforme mais connaît de profondes évolutions sur un millénaire
  • La France, née de l'ancien royaume franc, se constitue progressivement comme État-nation
  • La société féodale organise les relations sociales et politiques selon des liens de dépendance personnelle
  • L'Église joue un rôle fondamental dans tous les aspects de la vie médiévale
  • Le Moyen Âge central (XIe-XIIIe siècles) est une période d'essor démographique, économique et culturel
  • Les crises du XIVe siècle (peste, guerre de Cent Ans) bouleversent profondément la société
  • Un redressement s'opère à la fin du XVe siècle, préparant les transformations de la Renaissance

Loin d'être "l'âge sombre" décrit par certains, le Moyen Âge a été une période créative et dynamique qui a posé les fondements de notre civilisation moderne. Les cathédrales, châteaux, universités, institutions politiques et juridiques que nous a légués cette époque témoignent de sa richesse et de sa complexité.

En comprenant mieux le Moyen Âge, nous saisissons également les racines de notre monde contemporain et les processus de longue durée qui ont façonné notre société.

Ressources pédagogiques

Pour aller plus loin

Activités suggérées

Visite virtuelle d'un château fort

Organisez une visite virtuelle d'un château médiéval (Guédelon, Carcassonne) pour comprendre l'architecture défensive et la vie quotidienne dans ces lieux.

Atelier d'héraldique

Initiez les élèves aux principes de l'héraldique et proposez-leur de créer leur propre blason en respectant les règles médiévales.

Jeu de rôle "La société féodale"

Attribuez différents rôles sociaux (seigneur, chevalier, paysan, moine, marchand) et organisez une simulation des interactions sociales médiévales.

Projet "Notre cathédrale"

Réalisez collectivement une maquette de cathédrale gothique en identifiant les éléments architecturaux principaux (arc-boutant, voûte d'ogives, etc.).

Sources utilisées

  • Duby, Georges, "Le Moyen Âge : 987-1460", Paris, Hachette, 1987
  • Le Goff, Jacques, "La civilisation de l'Occident médiéval", Paris, Flammarion, 2008
  • Contamine, Philippe, "La guerre de Cent Ans", Paris, PUF, 2010
  • Fossier, Robert, "Ces gens du Moyen Âge", Paris, Fayard, 2007
  • Verdon, Jean, "La vie quotidienne au Moyen Âge", Paris, Perrin, 2015
  • Baschet, Jérôme, "La civilisation féodale : de l'an mil à la colonisation de l'Amérique", Paris, Flammarion, 2006
  • Encyclopédie Larousse du Moyen Âge, Paris, Larousse, 2012
  • Musée national du Moyen Âge (Thermes et hôtel de Cluny), documentation en ligne
  • Bibliothèque nationale de France, "L'art du Moyen Âge", collection numérique

Chronologie récapitulative

476
Chute de l'Empire romain d'Occident, début traditionnel du Moyen Âge
496
Baptême de Clovis, conversion au christianisme
800
Couronnement impérial de Charlemagne à Rome
843
Traité de Verdun, partage de l'Empire carolingien
987
Avènement d'Hugues Capet, fondation de la dynastie capétienne
1066
Conquête de l'Angleterre par Guillaume de Normandie
1095-1291
Période des principales croisades en Terre Sainte
1180-1223
Règne de Philippe Auguste
1214
Bataille de Bouvines, victoire décisive de Philippe Auguste
1226-1270
Règne de Saint Louis (Louis IX)
1337-1453
Guerre de Cent Ans
1348-1349
Peste noire en Europe occidentale
1348-1349
Peste noire en Europe occidentale
1429
Jeanne d'Arc fait sacrer Charles VII à Reims
1453
Fin de la guerre de Cent Ans et chute de Constantinople
1461-1483
Règne de Louis XI, reconstruction du royaume
1492
Découverte de l'Amérique par Christophe Colomb